La révolution de l’intelligence artificielle est déjà en marche, et ses impacts dans le monde du travail sont de mieux en mieux identifiés. Si certaines organisations sont déjà engagées dans une transformation de leurs processus et de leurs pratiques, d’autres n’ont pas encore pris la mesure de cette mutation. Des études internationales éclairent la situation pour les employeurs et les collaborateurs, tout en dressant des pistes de réflexion – et d’action.
Pour deux tiers des dirigeants d’entreprise, l’IA est cruciale pour opérer et rester compétitifs sur les marchés mondiaux. C’est ce qui ressort d’une vaste enquête menée par le cabinet de conseil Globalization Parners auprès de 1 500 top managers dans le monde. La prise de conscience est donc largement partagée. Elle s’exprime aujourd’hui dans quatre directions d’après les résultats de l’étude :
- L’IA comme atout dans la compétition mondiale : les dirigeants la considèrent comme un levier pour se positionner sur de nouveaux marchés, mais aussi pour revisiter le fonctionnement des équipes – 96 % estiment que le soutien des entreprises au travail asynchrone, entre différents pays, deviendra un avantage concurrentiel.
- Des investissements en plein essor : miser sur l’IA implique d’y consacrer des ressources importantes. Les entreprises sont aujourd’hui davantage focalisées sur son potentiel que sur la politique RH. Près de 60 % des dirigeants déclarent faire plus pour la mise en œuvre et/ou le développement des outils d’IA que pour l’embauche et la rétention des collaborateurs.
- Une vigilance face aux risques associés à l’IA : les éventuelles mauvaises utilisations de l’intelligence artificielle inquiètent les dirigeants. Pour deux tiers d’entre eux, la préoccupation majeure reste les conséquences financières d’un usage incorrect – loin devant la perte de données sensibles.
- Le besoin de compétences et d’expertises : la quasi-totalité des dirigeants ont conscience qu’il leur faudra créer des postes pour déployer – et contrôler – les technologies d’IA dans leur organisation.
Des gains reconnus sur la productivité au travail
C’est d’ailleurs un paradoxe : si 84 % dirigeants comptent investir davantage dans l’IA, moins de 2 % estiment disposer des talents nécessaires à l’implémentation de leurs projets en IA. La dimension RH est clairement un volet sur lequel les entreprises ne pourront faire l’impasse – aussi bien en expertises dédiées qu’en « simple » intégration de l’intelligence artificielle dans la palette de compétences des salariés.
C’est justement à ce volet que s’est intéressée la dernière étude Slack Workforce Index, qui a interrogé plus de 10 000 salariés de six pays. En France, l’utilisation de l’intelligence artificielle par les employés de bureau a bondi de 56 % depuis septembre 2023. 31 % ont déjà expérimenté des outils d’IA, et parmi eux la moitié s’en sert au moins une fois par semaine. Pour la grande majorité de ces usagers, cette technologie permet d’augmenter leur productivité.
Directives claires et formation : deux leviers pour favoriser l’utilisation de l’IA
À l’échelle mondiale, les impacts positifs de l’IA concernent plusieurs dimensions de l’efficacité professionnelle et de l’expérience collaborateur. Ils touchent aussi bien à l’accès aux personnes, informations et ressources pertinentes qu’à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ou à la capacité à gérer le stress. Malgré ces bénéfices, plus de tiers des salariés de bureau français n’ont toujours pas essayé l’IA dans le cadre de leur travail. Plusieurs freins restent à dépasser pour favoriser une utilisation plus massive : lever les préoccupations liées à la protection de la vie privée et à la sécurité des données, à la fiabilité de l’IA, ou encore au niveau d’information et de formation nécessaires à un usage efficace.
Trois pistes sont donc à explorer par les entreprises pour stimuler le recours à l’IA dans le cadre professionnel. D’abord, établir des directives claires pour cadrer son utilisation ; ensuite, sensibiliser les collaborateurs en expliquant les bénéfices à en attendre, puis les accompagner via des actions de développement des compétences – les salariés formés étant jusqu’à sept fois plus susceptibles de faire confiance aux outils d’IA pour les aider dans leurs tâches professionnelles – ; enfin, favoriser un climat de confiance au sein des équipes de travail et vis-à-vis de l’employeur, qui ressort comme un élément clé pour expérimenter l’IA.